L’ego tue !

Au 18e siècle, siècle des lumières, les traditions et les croyances populaires ont petit à petit laissé la place à la connaissance et à la science. Dans ce contexte, des hôpitaux de charité ont vu le jour, dans lesquels venaient notamment accoucher des femmes issues de milieux défavorisés.

Vers la fin du 18e siècle, une maladie appelée fièvre puerpérale a commencé à sévir en Europe et aux États-Unis. Rapidement, elle a pris l’allure d’une épidémie. De nombreuses femmes mouraient dans les jours suivant leur accouchement, sans raison apparente. Dans certains hôpitaux, jusqu’à 70 % des femmes décédaient en
post-partum.

Les docteurs en médecine voulaient comprendre et vaincre le phénomène. Entre deux accouchements, ils pratiquaient des autopsies sur les cadavres de femmes décédées de ce mal mystérieux.

En 1795, Alexander Gordon, médecin écossais, avança des preuves sérieuses du caractère contagieux de la maladie. Il suggéra comme solution que les médecins et les sages-femmes se lavent les mains et stérilisent leurs instruments avant chaque accouchement.

Hélas pour lui, Alexander Gordon vivait dans la région rurale d’Aberdeen. Il fut la risée de ses collègues de la ville ; la solution ne pouvait pas être aussi simple : « Qu’il s’occupe de soigner ses paysans et qu’il nous laisse pratiquer la Science ».[1]

D’autres lanceurs d’alerte se succédèrent dans différents pays, mais il fallut attendre un demi-siècle pour que, suite aux travaux du médecin hongrois Ignace Semmelweis, le lavage des mains et la stérilisation des instruments soient imposés avant chaque accouchement. L’épidémie cessa sur le champ… après des milliers de morts inutiles.


[1] Irvine Loudon, The tragedy of childbed fever, Oxford Scholarship Online, 2011.

Dopez votre confiance en 2 minutes !

Il est évident que notre mental a un effet sur notre physiologie et notre posture. Nous sourions et gardons la tête haute lorsque nous sommes heureux et positifs ; nous faisons la moue et nos épaulent tombent lorsque nous sommes de mauvaise humeur ou négatifs.

L’inverse est vrai également ! Notre posture a un impact sur notre mental ! C’est ce qu’a montré la psychologue Amy Cuddy, qui a publié en 2010 une étude consacrée aux « power poses« , c’est-à-dire les postures évoquant la puissance. [1]

©Amy Cuddy – les poses « fortes »

Après 2 minutes passées dans l’une des poses « fortes » présentées ci-dessus, le niveau de testostérone des participants avait significativement augmenté, parallèlement à une diminution de leur taux de cortisol (l’une des hormones du stress). Cela représente la signature biochimique d’une augmentation de leur niveau de confiance.

Quant aux participants ayant reçu comme consigne d’adopter une pose « faible » pendant 2 minutes, leur niveau de testostérone a diminué significativement, et ils ont libéré davantage de cortisol.

©Amy Cuddy – les poses « faibles »

À quoi cela peut-il bien servir ? Afin de répondre à cette question, Amy et son équipe ont fait passer une interview d’embauche qualifiée de « particulièrement stressante » à des personnes ayant préalablement maintenu soit une pose faible, soit un pose forte. Ensuite, des observateurs indépendants ont déterminé s’ils embaucheraient le candidat, en jugeant l’interaction avec l’interviewer.

Résultat : ceux qui avaient tenu la « power pose » pendant 2 minutes avaient beaucoup plus de chance de trouver un emploi. Alors, avant une intervention en public, une présentation importante ou une interview d’embauche, si nous prenions 2 minutes afin de nous mettre dans de bonnes dispositions ?

De plus, les émotions, et les humeurs qui en découlent, sont contagieuses. Alors essayons de prendre régulièrement conscience de l’état psychologique dans lequel nous sommes, et adaptons si nécessaire notre posture afin de nous sentir mieux et d’influencer positivement notre entourage.


[1]https://www.ted.com/talks/amy_cuddy_your_body_language_may_shape_who_you_are?language=fr