Il importe de distinguer le sentiment de honte de celui de culpabilité. Les deux se situent à des niveaux fort différents et emportent des conséquences sans commune mesure. Brené Brown[1] l’illustre au travers d’une anecdote survenant dans une salle de classe, anecdote que l’on pourrait très bien transposer en entreprise, dans un club de sport ou ailleurs.
L’enseignant termine de distribuer les copies corrigées après une interrogation. Il lui en reste une en main.
– « Bien, il me reste une copie sans nom. Qui n’a pas reçu sa copie ? »
Une fillette lève timidement le doigt dans le fond de la classe. Et le professeur enchaîne sur un ton sarcastique :
– « Lydia ? Quelle surprise ?! Est-ce que quelqu’un ici est étonné ? Voici ta copie. Alors tu prends ton stylo et tu écris ton nom en haut à gauche. Je vais t’aider : I, D, I, O, T, E. »
Pendant que le professeur déblatère ses insanités, Lydia peut réagir de deux manières.
Soit elle se sent humiliée par l’instituteur qui n’a pas le droit de lui parler comme cela pour un simple oubli. Elle se sent aussi coupable d’avoir commis cette erreur. Elle se dit que dorénavant, elle vérifiera toujours qu’elle a bien écrit son nom sur sa copie. Une fois rentrée à la maison, elle va probablement raconter son histoire pour décharger ses émotions ; puis elle oubliera rapidement cet épisode malheureux.
Soit Lydia se sent honteuse de ce qu’elle est. Elle se dit qu’elle est nulle, qu’elle n’arrivera jamais à rien dans la vie. Elle nourrit peut être même des pensées bien plus noires et destructrices. Une fois rentrée à la maison, elle se gardera probablement de raconter ce qui lui est arrivé ; et la petite voix dans sa tête continuera de la traiter de minable, amplifiant à l’infini son sentiment de honte.
Dans le premier cas, Lydia se sent coupable à cause son comportement : « J’ai fait une erreur. » Dans le deuxième cas, Lydia se sent honteuse dans son identité : « Je suis une erreur. »
Lorsque nous proposons un feedback à quelqu’un, outre que l’humiliation est à bannir à jamais, il importe de ne concentrer ses commentaires que sur les comportements ; et éviter à tout prix les attaques sur les personnes – sur leur identité – car cela provoquera souvent des blessures profondes.
J’entends souvent des parents dire instinctivement à leur enfant qui vient de faire une bêtise : « M’enfin, tu es bête ou quoi ? » Répété souvent, ce genre de propos peut avoir des conséquences désastreuses. Je conseille de privilégier les questions suivantes : « Pourquoi as-tu fait cela ? » ou « Penses-tu que c’était la meilleure chose à faire ? »
Il sera toujours plus constructif – et nettement moins destructeur – de questionner un comportement plutôt que de blesser une personne dans son identité.
[1] Brené Brown est une chercheuse en sciences humaines et sociales à l’université de Houston, auteure et conférencière. Elle s’est distinguée lors du TEDx Houston auquel elle a participé en 2010 (42 millions de vues à ce jour). Elle a ensuite été invitée au TED 2012. Je vous les conseille vivement.
2010 : https://www.ted.com/talks/brene_brown_on_vulnerability?language=fr
2012 : https://www.ted.com/talks/brene_brown_listening_to_shame?language=fr
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